Aujourd’hui, il semble être de  bon ton de critiquer l’ouverture du stud-book SF. Certains y vont de leurs présages néfastes, accusant de tous les maux cette ouverture. Pourtant, en y regardant de plus prêt, on  en trouve certains, parmi les plus virulents, qui utilisent, néanmoins, ces étalons dits « étrangers ».
Les conseilleurs n’étant pas les payeurs, ces « nouveaux apôtres » du SF « pur-jus » appliquent le principe bien connu : « faites ce que je dis … pas ce que je fais »  !
 
C’est pourquoi, je me propose de faire le point historique sur l’ouverture du stud-book SF. Ayant participé moi-même dès 1990 à ce projet d’ouverture au nom de l’ASEP, je suis convaincu que c’était la bonne solution dans les années 1990-2000. J’ai suivi cette évolution depuis son début. Bien qu’étant à la Commission du stud-book SF pour représenter les étalonniers privés, le poste que j’occupais n’avait qu’un rôle consultatif, sans participer au vote.
 
La question fondamentale que l’on peut se poser est de savoir si, à cette époque de l’ouverture et pendant la période qui a suivi, les Haras Nationaux et la FEDEL puis l’ANSF ont bien géré ce dossier  fondamental  du stud-book SF ?
 
UN PEU D’HISTOIRE
 
Depuis leur création, les Haras Nationaux  dirigent les stud-books et tout ce qui concerne l’élevage en France. Pour la période qui nous concerne ici, dite contemporaine, les HN ont tenu les rênes des stud-books jusque dans les années 2000, c’est-à-dire la fin du XXe siècle.
C’est dans les années 50-60, la période après la seconde guerre mondiale, que l’équitation de loisir et sportive  a commencé à se développer. Les HN y ont largement contribué, notamment grâce à l’engagement financier de l’Etat via le PMU.
Période politique de « centralisation des pouvoirs », c’est aussi à cette époque que les HN ont centralisé les différentes  races de « demi-sang »  français, richesses régionales, en les regroupant sous la même appellation dite « SELLE FRANÇAIS » et en imposant aux autres régions la suprématie de la génétique mâle Normande.
 
Le Demi-Sang Anglo-Normand était considéré par les dirigeants de l’administration des Haras comme le parangon du cheval de selle en France.
C’est en 1958, que les Haras Nationaux ont supprimé les différents livres généalogiques régionaux (Normand, Vendéen, Charolais, Charentais, Breton, etc ) et donc les races régionales pour n’en faire qu’un,  le SELLE FRANCAIS.
Ce stud-book SF a fêté ses 50 ans en 2008.
 
Evidemment, le stud-book SF était un livre généalogique  considéré comme « fermé », travaillant, soit disant, dans l’indigénat. En fait, ce regroupement des différents stud-books régionaux offrait initialement une large ouverture génétique. De plus, traditionnellement, la jumenterie de Demi-Sang était améliorée depuis toujours par croisement avec des étalons de races génétiquement étrangères pour provoquer ce que les généticiens nomment l’effet hétérosis. Ces reproducteurs étrangers étaient  au  XXe siècles principalement les étalons de Pur-Sang mais aussi de race Anglo-Arabe ou Trotteur Français (un cousin très éloigné du DS Anglo-Normand).
Même s’ils sont plus étrangers génétiquement que certains étalons dits « Selle Etranger » d’aujourd’hui, le fait de les utiliser depuis des lustres, les avait assimilé aux races françaises.
C’était ce qu’on appelle l’intégration réussie !
C’est d’ailleurs ce type de croisements PS x DS, AA x DS ou TF x DS (ou l’inverse) qui a fait la richesse et la particularité de l’élevage du cheval de selle en France et qui a produit tant de grands champions dans les années 50-80.
C’était aussi un schéma de sélection  que pratiquaient les autres stud-books d’Europe, notamment l’hybridation avec les Pur-Sang ou l’AA.
 
Depuis que les sports équestres modernes  ont vu le jour (globalement les années 50-60), 80% des meilleurs performers SF de haut niveau étaient issus à une ou deux générations d’un étalon PS, AA ou TF associé à une jument DS puis SF et cela jusque dans les années 80.
Tout le monde a entendu parler des étalons de Pur-Sang fondateurs tels ORANGE PEEL, FURIOSO, FOUDROYANT II, ULTIMATE, BABOUINO, LE TYROL, L’ALCAZAR, FRA DIAVOLO, RANTZAU, POPOF, VERDI, FORT NATIONAL, MONCEAUX, NIGHT AND DAY, PROTOCOLE, MONTIGNY, SIRE, POT D’OR, KACOLET, ST BRENDAM, RAKOSI, AMARPOUR etc …
Ces Pur-Sang ont produit la majorité des champions SF en CSO et CCE dans cette même période.
La plupart des régions, même la Normandie, croisait aussi avec succès la jumenterie DS avec des étalons AA.
Qui ne se souvient , par exemple, du succès de NICKEL, ET HOP  ou URTOIS en Normandie, SEDUCTEUR, BARIGOULE, DARE DARE II  ou HENAUD dans le Nord, NOROIT ou LAURIER en région parisienne, FLORISS II dans l’Est, MAROC dans les Dombes, URF II en Anjou, NAMOUSKY ou VIDOC en Vendée etc …
 
La période des années 80 a été une époque glorieuse et de grande notoriété pour l’élevage SF. L’équipe de France Championne du Monde était remontée par des cracks Selle-Français nommés FLAMBEAU C (Un Prince PS x DS), GALOUBET A (Almé x TF), IDEAL DE LA HAYE (Amarpour PS x SF), EOLE (Raa x SF).  Un autre phénomène notoire fut JAPPELOUP  (TF x PS) deux fois 2e de la Coupe du Monde et Champion Olympique.
A la même époque d’autres grands étalons performers SF exportés faisaient partie de l’élite mondiale sous bannières étrangères comme aux USA, I LOVE YOU (Almé x Nykio (fils de PS) x PS)  ou NOREN (Sire PS x SF).
Non seulement, le sport se portait bien mais l’élevage SF également. Dans le même temps les étalons SF servaient aussi d’améliorateurs aux autres grands stud-books européens. Le Holstein avoue devoir beaucoup au SF COR DE LA BRUYERE (Rantzau ps x Lurioso sf) mais aussi aux étalons issus d’ALMÉ et de ses petit-fils QUIDAM DE REVEL et QUICK STAR.
Le Hannovre et Oldenbourg ont connu une période de gloire grâce aux SF FUTURO (Furioso ps) et FURIOSO II (Furioso ps)  ou ZEUS (Matador aa).
ALMÉ, entre autres, a aussi beaucoup fait pour les élevages Belges et Hollandais.

Mais après cette période ascensionnelle, l’organisation du Selle-Français a connu quelques évolutions assez néfastes pour notre race à partir des années 90. Au sein des Haras Nationaux,  les « hommes de chevaux » et experts ont été remplacés par des nouveaux cadres, hommes et femmes, venant de divers horizons, sans suffisamment de connaissances du cheval, ni des hommes de terrain. C’est aussi à cette époque de transition que les généticiens de l’INRA et la direction des Haras Nationaux ont commencé à imposer aux éleveurs l‘index provenant des animaux de rente, comme les vaches laitières, appelé BLUP.
Dans ces années 80-90, les Haras Nationaux croyant se moderniser et face à cette nouvelle génération de cadres sans compétence d’expert ont, tout bonnement, supprimé l’expertise de la sélection mâle. Pendant près de 10 ans, la sélection et l’approbation des étalons ne furent faites que sur les indices, notamment BLUP, sans examen morphologique par des experts.
Cela a nui, non seulement, à notre sélection, mais aussi à la réputation de l’élevage SF à travers le monde.
Nous étions le seul stud-book à agir de la sorte !
Alors qu’on ne constatait aucune amélioration génétique évidente, la dégradation morphologique de nos chevaux, quant à elle, devint flagrante.
Le stud-book SF était encore sous l’égide totale des HN et les associations d’éleveurs n’avaient pas leur mot à dire, même si, en privé, certains déploraient cette manière bureaucratique d’aborder l’élevage du cheval de sport.
30 ans après, on se rend enfin compte officiellement  à l’ANSF que c’était un fiasco et que le SF n’a rien gagné dans cette BLUPOMANIA généralisée, bien au contraire.
Le BLUP aurait pu être utilisé par les éleveurs de chevaux de trait (animal de rente), ce qu’ils n’ont d’ailleurs pas fait.
Mais on ne sélectionne pas les chevaux de sport (ni de courses) comme des poulets en batterie !
D’ailleurs, le monde des courses a très vite rejeté ce projet de BLUP. Les éleveurs de chevaux de courses l’ont vite compris et ils ont imposé leur choix aux HN de ne pas y souscrire. Les Haras Nationaux n’ont pas insisté, n’ayant pas d’emprise financière sur le monde des courses, d’où vient l’argent via le PMU !
Mais les représentants du secteur du cheval de sport, les « fauchés » du système, totalement dépendant des aides publiques, n’ont pas eu le courage ou la volonté de réagir et de s’y opposer. Malheureusement, ce sont donc les éleveurs de chevaux de sport qui servirent de cobayes. Le comble, c’est que ce système a été financé par les éleveurs eux-mêmes par un prélèvement sur les livrets  qui se poursuit aujourd’hui  !
Certains éleveurs encouragèrent la politique du BLUP car ils y trouvèrent leur compte à court terme, dans le commerce d’étalons et de femelles, notamment en Normandie.
 
Comme dans ces années 1980-2000, les Haras Nationaux étaient encore totalement décisionnaires, il aura fallu près de 30 ans de ce système calamiteux pour que l’équipe actuelle de l’ANSF ait le courage de faire machine arrière au niveau de la sélection des reproducteurs par le BLUP.
 
Déjà, en 1996 ( il y a 23 ans !) j’écrivais un article sur ce sujet dont voici un extrait : « Aujourd’hui, nous nous trouvons donc, dans une phase d'intensification de la consanguinité qui peut être intéressante, mais dont il faut prévoir de sortir. En effet, l'influence d'étalons comme IBRAHIM et son meilleur fils  ALMÉ, comme URIEL ou GRAND VENEUR, est grandissante et envahissante, car on ne travaille qu'avec les lignées ORANGE PEEL (ps), FRA DIAVOLO (ps) et ULTIMATE (ps). Les méthodes actuelles de sélection et d'approbation des étalons fondées principalement sur l'indice BLUP, amplifient le phénomène et provoquent un effet de "siphon". La base de brassage et de recomposition se réduisant, on peut craindre un ralentissement du "gain génétique". Or l'amélioration génétique passe par le mélange et la recombinaison des gênes. Il est donc souhaitable à moyen terme de faire appel à des sangs extérieurs pour "garder une espérance de gain génétique optimale". Ce sang extérieur continue d'être infiltré par le pur-sang, mais à moindre dose qu'auparavant; les éleveurs utilisant les services d'étalons S.F. de type sport, aux courants de sang déjà saturés, mais offrant une meilleure "formule mathématique" (BLUP) à leur rejeton !

N'est-il pas temps de repenser le mode de sélection de nos reproducteurs ? Cela demande une réflexion approfondie de la part des  dirigeants de l'élevage du cheval de sport français qui se laissent aveuglément bercer par des formules mathématiques qu'on leur fait prendre pour la panacée.

Leur crédulité peut avoir de graves conséquences  !

Les membres de la commission du stud-book en place aujourd'hui (1996), ont donc une très lourde responsabilité car les décisions qu'ils prennent concernant le schéma de sélection et d'approbation de nos reproducteurs, peuvent être lourdes de conséquences. »

Bien évidemment, cette mise en garde quelque peu prémonitoire de votre serviteur n’a pas été écoutée !
 
Jusque dans les années 80, l’hégémonie de l’étalonnage public était évidente et paraissait naturelle à tout un chacun, parce qu’elle était historique depuis le XVIIIe siècle.
Mais en même temps  que la politique de sélection par le  BLUP se mettait en place de façon tentaculaire et malgré cela, juste avant cette période, l’étalonnage privé commençait à prendre  son envol au début des années 80.
Cette époque fut marquée par quelques étalons performers dont les plus connus ont été de formidables ambassadeurs en France et à l’étranger comme ALMÉ sf (Ibrahim) CSIO, LAUDANUM ps (Boran ps) CSIO, GALOUBET A sf (Almé) CSIO,Champion du Monde par équipe, NOREN sf (Sire ps) CSIO, Horse of the Year aux USA, I LOVE YOU sf (Almé) CSIO,Champion de la Coupe du Monde et Horse of the Year aux USA ou  JALISCO B sf (Almé) CSIO.
La particularité de ces étalons célèbres est qu’ils ont tous fait de grandes carrières sportives internationales en France ou à l’étranger puis ont fait la monte avec succès en France dans des haras privés.
A titre personnel, je suis très fier d’avoir gérer la carrière de 4 de ces 6 célèbres étalons mondialement connus.
Le phénomène « étalon performer » s’amplifia et ce fut l’heure de gloire d’étalons vedettes  SF comme IF DE MERZE (Verdi ps), JT’ADORE (Brilloso), PALADIN DES IFS (Uriel), NARCOS II (Fair Play III) et son frère MAZARIN, LE TOT DE SEMILLY (Grand Veneur), PAPILLON ROUGE (Jalisco), PRINCE D’INCOVILLE (Heros de Cavron), PALESTRO II (St Brendan ps), QUIDAM DE REVEL (Jalisco), QUICK STAR (Galoubet), QUITO DE BAUSSY (Jalisco), QUAT’SOUS (Kayack), QUATOUBET DU ROUET (Galoubet), QUALISCO III (Jalisco), ROCCO V (Goeland), SOUVIENS TOI (Livarot), SCHERIFF D’ELLE (Jalisco) etc…pour les plus connus de l’époque.
Certains de ceux-là ont été oubliés mais d’autres sont devenus, à l’issue de leur belle carrière sportive internationale, de véritables Chefs de Race, imprégnant l’élevage SF mais aussi les autres principaux stud-books mondiaux comme QUIDAM DE REVEL ou QUICK STAR qui avaient été exportés.
Dans le même temps les étalons HN n’avaient pas la même réussite sportive internationale, ni le même impact génétique au niveau mondial. Durand cette même période, parmi la masse de centaines d’étalons SF achetés par les HN qui n’ont jamais été testés en compétitions, deux noms ont néanmoins laissé leur empreinte, ce sont URIEL (Nankin) et GRAND VENEUR (Amour du Bois) qui sont eux aussi devenus des Chefs de Race.
Les Haras Nationaux ont commencé à avoir quelques étalons performers à partir des années 90 tels LAEKEN  (Mexico) ou ROSIRE (Uriel).
Beaucoup plus tard, les HN ont voulu jouer sur le même terrain que les privés pour récupérer des parts de marché qu’ils avaient perdues et ils ont, alors, souvent acheté ou loué la carrière d’étalons de certains anciens performers privés dont les premiers furent QUAT’SOUS (Kayack), URBAIN DU MONAI (Narcos II) ou le Selle Etranger  AIRBORNE (Abdullah trak) etc . Puis ils allèrent récupérer à l’étranger des étalons ou bien  surenchérir sur les étalonniers privés pour louer des étalons comme CALVARO, revenu par la suite dans le privé.
 
Mais la grande période de l’étalonnage privé était commencée !
Le phénomène ne s’arrêterait plus grâce au travail de sélection  de quelques dynamiques étalonniers privés précurseurs.
Si quelques pionniers de l’étalonnage privé datent des années 60 avec , par exemple, le Demi Sang NYKIO (Fra Diavolo ps x TF) chez Jacqueline Dubuisson-Luchaire, l’étalonnage privé commença à se développer de façon plus précise dans les années 80-90.  A cette époque, l’étalonnage privé était dans les mains de célèbres éleveurs-cavaliers (souvent normands) qui, à un moment de leur carrière, ont fait naître leurs propres étalons  tels MM. Leredde (PAPILLON ROUGE), Pignolet (SCHERIFF D’ELLE), Navet (QUITO DE BAUSSY), Brohier, (FAIR PLAY III, NARCOS II),  Lebrun (ELF III)  etc.
Mais aussi, dans le même temps, de nouvelles structures professionnelles d’élevage et d’étalonnage se mirent en place avec succès grâce à de célèbres étalons  gérés ou appartenant à des haras privés  comme Villepelé (GALOUBET, J’TADORE), Couvains (LE TOT DE SEMILLY), Brullemail ( LAUDANUM, ALMÉ, I LOVE YOU, NOREN, HAND IN GLOVE etc ) ou l’agence PHI (VOLTAIRE, CONCORDE  etc).
De nombreux autres sont apparus depuis, notamment ces 10 dernières années.
 
Concernant l’élevage du SF, cette période correspond à ce que j’appelle les « 10 glorieuses » : 1985-1995.
L’élevage du cheval de sport SF moderne était en plein développement. Son aura internationale était lumineuse.
Les SF se vendaient « comme des petits pains » et à des prix très rémunérateurs. Grand bien en a pris à ceux qui ont démarré leur activité « cheval » à cette époque.
D’ailleurs, la plupart des nouvelles structures fondamentales de notre activité  d’élevage a été créée à cette époque.
 
Les Haras Nationaux mirent plusieurs années à prendre conscience de ce phénomène des étalons performers qui s’amplifiait. Pendant cette période, ils prenaient du retard.
Quand ils commencèrent à réagir, l’étalonnage privé avait déjà une certaine avance génétique et sportive et de nombreux éleveurs avaient commencé à perdre l’habitude d’aller exclusivement faire saillir leurs juments par des étalons HN dans les stations HN.
Leur déclin s’amorçait !
Pourtant, à cette époque, les HN étaient toujours majoritaires en nombre d’étalons et surtout en nombre de juments saillies.

C’est aussi à cette époque que fut créée la FADETEQ qui regroupe les centres privés de production et d’insémination de semence (plus de 300 aujourd’hui).
L’ASEP, association des etalonniers privés avait été créée bien avant dans les années 70.
La technique de l’insémination  artificielle en semence congelée (IAC) a largement participé au développement de l’utilisation d’étalons performers internationaux, enfin libérés des contraintes de la monte conjointement à leur carrière sportive. GALOUBET A en fut le premier bénéficiaire en 1981. Les secteurs privé et public l’ont conjointement utilisée et diffusée largement. Plusieurs entreprises privées spécialisées dans la congélation de semence puis dans les transferts d’embryons se sont développées (Equi Technic étant le pionnier), parallèlement aux centres des HN qui proposaient le même service.
Si hier, les étalons privés étaient souvent des fils d’étalons nationaux (puisqu’auparavant eux seuls existaient), de nos jours, à l’inverse, la très grande majorité des étalons nationaux  SF sont des fils et petit-fils d’étalons privés (70 à 80 %). Il en va de même des étalons privés issus majoritairement de pères et grand-pères HP (Haras Privé).
90% des leaders de pères de jeunes chevaux sont des étalons privés et 90% des meilleurs SF mondiaux sont également des produits d'étalons privés.
C’est dire la suprématie de l’étalonnage privé de nos jours !
 
Tout le monde se souvient des magnifiques victoires des équipes de France aux Championnats du Monde 2002 à Jerez.
L’équipe de CSO Médaillée d’Or était composée de 4 étalons  « privés » SF :
DOLLAR DU MURIER (Jalisco sf), DOLLAR DE LA PIERRE (Quidam de Revel sf), CROCUS GRAVERIE
(Rosire sf) et DIAMANT DE SEMILLY (Le Tot de Semilly sf).
La médaille d’Argent individuel revenait à Eric Navet et DOLLAR DU MURIER.
3 de ces 4 champions étaient des fils , voir petit-fils d’étalons privés.
L’équipe de CCE était Médaillée d’Argent et l’Or individuelle revenait à Jean Teulère et le SF ESPOIR DE LA MARE (What A Joy ps).
Là encore preuve en est que l’abandon de l’utilisation du Pur-sang est une grossière erreur !
Autre phénomène de cette période faste, l’étalon privé SF BALOUBET DU ROUET (Galoubet A sf) qui fut triple vainqueur de la Coupe du Monde avec Rodrigo Pessoa.
Tous ces champions avaient été conçus dans les années 90 et furent performants dans les années 2000.
Le stud-book SF  fut parmi les leaders mondiaux en 2004 et 2007, années où il se plaçait 2e dans les deux disciplines du CSO et CCE.
En 2005-2006-2008, il fut 5e-4e-5e en CSO et 4e-6e-2e en CCE.
 
L’OUVERTURE INTERNATIONALE
 
Dès 1989, avant même l’ouverture de l’Europe (1993), bien que les Haras Nationaux, responsables de la gestion du stud-book SF, aient été farouchement hostiles à l’ouverture du stud-book sous la direction de Français Clos, certains éleveurs et étalonniers privés, dont votre serviteur, obtinrent que le stud-book SF commence à s’entrouvrir à la génétique des meilleurs autres stud-books européens, notamment pour les étalons de Dressage puis de CSO.
Les premiers « étrangers » approuvés en France furent DONNERHALL, ABDULLAH et VOLTAIRE (pour seulement 100 juments SF au total) en 1989.
Pourquoi avoir demandé à cette époque l’ouverture du stud-book SF ?
Voilà finalement l’objet de cette tribune.
Si les Pur-sang, Anglo-Arabes et Trotteurs Français (dont l’utilisation a été éradiquée par le BLUP) avaient été maintenus dans les dépots des HN et dans la plupart des haras privés pour améliorer notre cheval de sport  SF comme par le passé, nous aurions (peut-être) pu considérer que le stud-book SF pouvait rester fermé.
Mais à cause du BLUP les éleveurs ne voulaient plus entendre parler de ces étalons de croisement. Les PS et AA  faisaient baisser le BLUP des poulains (mis à part les très rares ayant des performances à haut niveau et en France comme LAUDANUM ou HAND IN GLOVE).
Il faut tout de même rafraîchir la mémoire de certains. Souvenons-nous que pendant des années, la première question que vous posait un acheteur de poulain ou un acheteur de saillie était « quel est son BLUP ? ».
Cela avant même de demander sa robe, sa taille, son origine ou son prix !
C’était catastrophique, le délire total !
C’est pourquoi, compte tenu de l’évolution de la race décidée par les Haras Nationaux, il devenait impératif de s’ouvrir à la génétique étrangère si l’on ne voulait pas que notre stud-book se sclérose.
Pouvait-on avoir à la fois un stud-book fermé aux sangs étrangers, tout en abandonnant les apports traditionnels de PS, AA et TF ?
Certes pas.
Ce sont les (mauvais) choix stratégiques successifs de sélection du SF décidés par les Haras Nationaux dans les années 80 qui ont conduit à cette décision.
Cette ouverture était donc devenue indispensable dans notre schéma de sélection du SF.
Hélas, c’est là que la politique générale des HN et de la FEDEL puis l’ANSF fut malheureusement vacillante.
Le stud-book SF aurait pu opter pour une sélection plus rigoureuse des étalons à approuver, notamment dans le choix de leurs pedigrees (stud-books) comme l’ont fait la plupart des autres stud-books (Holstein, Hanovre, KWPN).
Comme je l’avais proposé à l’époque, le stud-book SF aurait pu, par exemple, opter pour l’alliance exclusive du SF avec le stud-book du Holstein, très sélectionné dans l’optique du CSO comme le SF et déjà très imprégné de SF. Notre cousin en quelque sorte.
N’aurions-nous pas du, dès le départ de l’ouverture, sélectionner uniquement des étalons  étrangers issus de pedigrees à 75% minimum de sang SF ou holsteiner, qu’ils proviennent directement de ce stud-book « cousin » ou d’autres tels le KWPN  ?
En éliminant ainsi toutes influences diverses d’autres stud-books moins performants en CSO, on aurait évité le « melting pot » que certains nous reprochent aujourd’hui.
En choisissant un seul « mariage mixte», sans doute aurions-nous rapidement mieux orienté notre sélection en matière de morphologie et d’aptitude.
Toujours en 1996, j’écrivais « Les élevages qui ont le plus progressé ces vingt dernières années sont ceux qui font appel aux sangs extérieurs. Tous ces stud-books ont évolué grâce à une volonté des éleveurs de s'orienter vers un cheval de sport moderne compétitif et commercial. Pour cela, ils ont fait appel à des reproducteurs reconnus pour leur rôle améliorateur, c'est à dire le pur-sang, le selle-français et le holsteiner.

Certains d’entre eux, grâce à l’utilisation méthodique de Pur-Sang et de Selle-Français sont devenus les meilleurs élevages mondiaux en CSO, mais aussi en CCE et en Dressage. Je suis convaincu de cette  hypothèse : continuer notre sélection obstacle en valorisant le "Plus Dressage" et en ouvrant notre stud-book SF, en priorité aux étalons susceptibles de léguer à leur production française des aptitudes au saut et au Dressage. Le mot est laché « Introduire du sang étranger dans le stud-book SF ». En effet, pour se battre équitablement avec nos concurrents européens, il est indispensable et indiscutable d'introduire le sang des meilleurs étalons des autres stud-books au même titre qu'eux sélectionnent les meilleurs du nôtre. "L'heterosis est une arme essentielle dans l'amélioration génétique du SF".

Aujourd'hui pour produire les meilleurs chevaux du monde, il a suffi d'associer des Selle-Français et des Holsteiner, imprégnés de Pur-Sang».

Mais ce ne fut pas le choix du stud-book SF quelque peu grisé par cette nouvelle ouverture et dont les dirigeants n’ont pas eu de vision très précise de l’avenir de notre stud-book.
De plus, l’ouverture a été envisagée en premier lieu pour les chevaux de dressage et  les étalons provenaient surtout de stud-books Hannovriens, Trakheners etc …
D’ailleurs les HN-SIRE n’ont jamais fait de distinction entre les races de ces nouveaux étalons, ils étaient tout simplement enregistrés comme « SE », soit SELLE ETRANGER, sans distinction de stud-books.
Assez rapidement la demande pour ces étalons dits « Selle Etranger » devint grandissante et la porte s’ouvrit en grand.
Il faut admettre que certains ont fait pression pour l’ouverture totale, en vertu d’un libéralisme opportuniste pour importer o